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https://kishanga.net/Jenny MUNYONGAMAYI enflamme l’ouverture du Festival ELONGO à Lubumbashi

Lubumbashi – 19 juin 2025 – Il est 18 heures à l’Institut des Beaux-Arts lorsque la voix de Jenny Munyongamayi s’élève, sobre et vibrante, marquant le coup d’envoi du Festival ELONGO. Devant un public dense, composé d’amateurs de slam, d’artistes émergents, d’étudiants et de curieux, la jeune slameuse congolaise a livré une performance dense, émotive et puissamment enracinée.

Une ouverture sous le signe des origines

Jenny a choisi de débuter avec « Kwetu Mbari », une réinterprétation poignante de la chanson mythique de Sando Marteau, figure emblématique de la mémoire populaire congolaise. Ce slam revisité, mêlant hommage musical et verbe poétique, retrace l’histoire de ses racines, en convoquant le souvenir de sa commune natale : la commune de Kenya à Lubumbashi. Entre souvenirs d’enfance, images de ruelles rouges de poussière et portraits d’héroïnes locales, Jenny convoque une mémoire intime et collective, debout sur scène comme on se dresse dans sa vérité.

 Slamer pour les femmes

Dans une transition fluide, la slameuse glisse vers un poème consacré à la force des femmes congolaises. Sans crier, mais avec une intensité tranchante, elle évoque les femmes-mères, les femmes-sœurs, les femmes résistantes. “Mon slam est un miroir et un cri”, avait-elle confié dans une interview récente. Ce soir-là, elle en fait une démonstration magistrale, arrachée au quotidien des marchés, des foyers, des marges.

Une parole pour l’absent

L’émotion atteint un sommet lorsque Jenny livre un slam intime, dédié à son père disparu. Le silence se fait lourd dans la cour de l’Institut des Beaux-Arts. Les mots deviennent murmures, déchirures contenues. Elle parle d’absence, de filiation, de transmission, de deuil, mais aussi de l’héritage immatériel que laisse un père dans la voix d’une fille qui ose dire.

Le Congo comme question

Enfin, comme un crescendo final, Jenny clôt sa prestation par un slam politique et viscéral sur le Congo. Dans un texte tranchant et engagé, elle dresse un tableau lucide et inquiet : pillage des ressources, inerties institutionnelles, promesses non tenues, violences silencieuses. Et cette phrase lancée comme une gifle :

“Si le Congo est un scandale géologique… ou un scandale tout court ?”

Un silence. Puis des applaudissements nourris, debout. Jenny vient de signer une entrée fracassante dans ce Festival ELONGO qui s’annonce comme un laboratoire de la création contemporaine congolaise.

Jenny Munyongamayi est une artiste slameuse et militante basée à Lubumbashi. À travers ses textes, elle mêle mémoire personnelle, critique sociale et plaidoyer féministe. Elle a notamment présenté Slam augmenté à la Biennale de Lubumbashi en 2024, et coordonne des projets culturels pour la jeunesse.

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