La femme katangaise, pilier des industries culturelles et créatives

Lubumbashi, le 26 mars 2025 – Le Centre d’art et de recherche Picha de Lubumbashi a accueilli la première édition de Picha Fémina, un événement dédié à la discussion sur l'implication des femmes katangaises dans le secteur des arts et de la culture. Animé par Jenny Munyongamayi, cet échange a rassemblé des professionnels des arts autour des interventions de Bibiche Tankama, écrivaine et dramaturge, et de Brigitte Mbaz, responsable de l'agence d'accompagnement en art visuel, Kolkwen.

Un événement pour valoriser la femme dans les arts et la culture

Le thème de cette première édition était "L'implication de la femme katangaise dans le secteur des arts et de la culture". Les débats ont permis un riche partage d'expériences entre les intervenantes et le public, qui a posé des questions afin de mieux comprendre et prendre conscience du rôle crucial des femmes dans le domaine culturel.

Selon Gaelle Van Lede, directrice des initiatives artistiques et stratégiques de Picha : "Nous espérons que cet événement inspirera une plus grande participation des femmes en valorisant leurs talents, leur leadership et leur capacité à innover. À long terme, nous souhaitons voir une augmentation de leur représentation dans les postes décisionnels des industries culturelles, ainsi qu'une dynamique collaborative entre artistes et institutions pour promouvoir la diversité culturelle et la créativité au Katanga."

Les freins à l'engagement des femmes dans le secteur culturel

Du côté des intervenantes, Brigitte Mbaz estime que les femmes ont un rôle majeur à jouer dans la promotion de la culture et des arts au Katanga. Cependant, elles restent peu nombreuses à prendre des initiatives dans leur domaine respectif, limitant ainsi l'impact positif sur la scène artistique.

"Les femmes ont tendance à s'autocensurer. Dès notre plus jeune âge, on nous apprend que nos plus grandes réalisations en tant que femmes sont dans le foyer. Cela crée une culpabilité face à nos ambitions professionnelles et nous empêche souvent d'aller au bout de notre pratique artistique. Un autre obstacle concerne l'image que la société se fait des femmes artistes, en particulier dans la musique : elles sont souvent perçues comme menant une vie légère et ne sont pas prises au sérieux, ce qui en décourage beaucoup de se lancer." explique-t-elle.

Pour sa part, Bibiche Tankama souligne que l'impact des femmes artistes dans le secteur culturel en RDC et particulièrement dans le Haut-Katanga reste très limité en raison de leur faible représentation dans des disciplines comme l'écriture, les arts de la scène ou de la parole.

"Le nombre de femmes dans ces domaines est réduit. Étant dramaturge, je rencontre des difficultés à trouver des comédiennes pour interpréter mes personnages féminins, car la majorité des professionnels du théâtre sont des hommes." précise-t-elle.

Des solutions pour renforcer la présence des femmes dans les arts

Bibiche Tankama propose quelques pistes pour renforcer la présence des femmes dans le secteur culturel au Katanga :

• Création de fédérations et associations de femmes artistes, permettant d'aborder les questions de genre, les relations hommes-femmes ainsi que les enjeux psychologiques et physiologiques propres aux femmes dans ce domaine.
• Encouragement des jeunes filles à s'engager dans les arts et la culture, en mettant en avant des modèles inspirants et en organisant des ateliers d'initiation.
• Soutien institutionnel et création d'opportunités pour les artistes féminines, afin de favoriser leur visibilité et leur reconnaissance sur la scène culturelle.

Cet événement Picha Fémina marque une étape essentielle dans la valorisation des femmes dans les industries culturelles et créatives au Katanga. Il ouvre la voie à une prise de conscience collective et à la mise en place de nouvelles initiatives pour renforcer leur présence et leur impact dans ce secteur en pleine croissance.

Jenny MUNYONGAMAYI

Communication, artiste slameuse et écrivaine passionnée par les mots et l’expression libre. À travers le slam, elle explore le vécu humain et transmet des émotions profondes. Engagée dans plusieurs projets artistiques, elle est également administratrice du centre d’art Biasasa et représentante de l’association Initiative Construire Ensemble (ICE). Elle anime des ateliers de slam et de rédaction, partageant son amour des lettres et de la performance.